Cordes

Spectacle de cirque contemporain
Tout public (à partir de 10 ans)
60′

De et avec Alexis Rouvre

Regards extérieur : Paola Rizza et Nicanor De Elia

Composition musicale : Loïc Bescond

Création lumière et régie en tournée : Charlotte Plissart

Etre sur terre, ce n’est pas de tout repos : on y gagne souvent plus de questions que de réponses. Comment être ? Comment être là ? « L’identité humaine n’est pas un simple lieu de séjour confortable, mais une interrogation permanente », écrit le Tchèque Vaclav Havel. L’éternelle quête du bonheur, qui s’attraperait comme une floche au manège, n’arrange rien à l’affaire. Obstiné, Alexis Rouvre livre l’une des plus vigoureuses métaphores de cette fragilité que le cirque ait proposées jusqu’ici.

Enfermé dans son monde énigmatique, le personnage qu’il crée passe son temps à faire des nœuds. Il ne délie pas les questions : il les crée. A moins que la solution soit le nœud lui-même ? Démiurge d’un autre genre, ermite aux prières silencieuses, l’artiste est tout entier plongé dans un universaux éléments familiers – des cordes et des balles, un fauteuil fatigué – dont il joue de façon singulière.

Comme les objets qui se forment et se déforment, la scène se transforme en un espace mental en perpétuelle mutation, reflet du parcours humain qui se joue sous nos yeux. Dans une pénombre lumineuse, l’homme semble défier le temps qui passe. Ses manipulations apparaissent comme un acte de résistance ou d’abandon, de lutte ou de douceur. Soudain, c’est une piste de cirque qu’il tresse, au rythme presque tendre d’un piano minimaliste, comme un souvenir doux. L’instant d’après, les cordes se tendent, se tordent, enserrent le corps de l’homme. La bande son crie. Lui aussi, sortant de son mutisme.

Alexis fait et défait, tresse et (en) découd avec le monde – son monde. Le personnage qu’il nous livre, c’est lui – ou presque. L’homme nous dévoile son vocabulaire mystérieux, dont les lettres sont des fils et les mots sont des nœuds. Au fil du temps, le jongleur s’est laissé embarquer par l’objet lui-même. Inlassablement, il a exploré les possibilités de ces cordes, qui peuvent être douces (quand elles soutiennent et protègent) ou très violentes (quand elles cognent ou servent à pendre).

Loin des clichés, le spectacle ne cherche pas la démonstration technique. « Cordes » repose sur l’exploration de notions en apparence opposées, mais ici complémentaires, comme l’alliage d’un corps puissant et des manipulations hautement délicates. Force et fragilité se combinent en une même humanité, le mouvement se fait puissant et léger, acrobatique et animal. Avec « Cordes », c’est par la présence et la personnalité, plus que par l’effet de virtuosité, que s’incarne ce monde au rythme différent, dilaté, noué, dénoué. Un monde toujours sur le fil, où les équilibristes que nous sommes devraient se reconnaître…